Déjeuner d’un bleu à L’ucad Extrait de *ucad et L’anarchie*
Le jour suivant, le lendemain,
Samba fut réveillé par la faim.
Une des faims qui empêchent de dormir,
Qui irritent et tendent à nous aigrir,
Qui suscitent une vague colère.
Des faims qui nous font perdre repère,
Qui altèrent la nature de notre caractère.
Très tôt après la prière du matin
Samba gagna le restaurant argentin.
Menu de son attestation de réussite au bac,
Vêtu de son grand boubou en frac ;
Il était tête d’une file d’étudiants faméliques.
Très calmes, pas de rigoleurs ni de loustics.
La queue s’allongeait, ceinturait le restaurant.
Certains croyant plus rusés *brulaient les rangs *
Quelques uns par compréhension
Ne se montraient hostile à leur exaction.
D’autres y voyant un manque majeur
De civisme de simples tapageurs
Leur obstruèrent le passage.
S’en suivît un rude accrochage.
Épris de justice contre d’insolents.
Tout finît par engendrer un sauvage pugilat.
S’il ne fut l’intervention coercitive,
Et la compassion instinctive
Des spectateurs plus lucides ;
Samba ainsi que ses alliés cupides ;
S’en sortiraient perdants.
Ceci très évident.
Les deux camps antagonistes furent inégaux.
Le groupe de samba était affamé moins costaud.
L’autre camp constitué de robustes dénommés Kekendos.
L’université est pour ce dernier privilégié un vrai eldorado.
Ils sont tous super gros.
Chacun pesant plus de cent kilos.
Tous les étudiants craignent d’eux.
Certains par ce qu’ils sont fielleux.
D’autres car ils sont mystiques, non scrupuleux.
Un ancien étudiant un peu étonné.
Dit à samba, tu ne les connais ?
Sais tu qu’ils sont souvent du sud ?
Tout le monde les Redoute !
Es-tu entrain de te suicider ?
Boy j’aimerais bien t’aider.
Je te conseille boy de s’excuser.
Si tu ne veux pas voir ta vie gâchee.
Je te préviens d’un mauvais sort.
Pourquoi s’excuser ?je n’ai pas tort.
-S’ils viennent du sud, je suis du Sine.
N’est jamais assez puissante la force humaine.
Seul Dieu peut me nuire.
C’est en lui qu’on doit se remettre.
Dit samba fermement, campé sur sa position.
Décidément je ne céderais plus à la vexation.
La force de samba et de ses amis par circonstance
Ne put rien contre la très grande effrayante puissance
Des Kekendos qui occupèrent le devant de la queue.
On pouvait pratiquement rien contre eux.
Apres quelques minutes d’attente,
La porte du restaurant fut ouverte.
Passèrent d’abord ces Kekendos ignorants pugnaces.
Le récepteur ne daigna leur demander une piètre pièce.
Les autres étudiants affamés, filiformes,
Qui furent tenu de respecter les normes
En suivirent les visages éprouvés.
Samba en tête enchanté d’avoir arrivé,
D’avoir accéder à la table de réception,
Montra son ticket et son attestation.
Le récepteur ausculta le papier,
Regarda samba de la tête jusqu’aux pieds
-Et dît, boy cette photo t’appartient ?
Mais regardes très bien ce teint !
Tu ne peux pas me tromper mon gars.
Certes Tu n’es même pas un étudiant.
La photo a était éclaircie par la magie
De la nouvelle technologie.
Elle paraissait plus claire,
Alors que le visage de Samba fut obscur.
Samba fut très impatienté.
Il sentit le gars vouloir le tarabuster.
Samba lui servît une sévère réplique.
-Toi là es-tu vraiment aveugle ?
Ils se livrèrent dans une bataille d’harcèlement.
Samba essaya de le convaincre vainement.
Le récepteur lui refusa la rentrée.
-Je ne te laisserai pas entrer.
Je ne fais qu’appliquer le règlement.
-N’oses-tu me parler de règlement ?
Donc vos normes sont partiales ?
Disait samba, s’apprêtant à gagner la salle.
Celle-ci fut déjà pleine du monde déjeunant.
Les Kekendos regardaient samba en ricanant.
Des gens de la sécurité du coud maitrisèrent,
Et entrainèrent dehors, ce pauvre hère.
Samba ne put tenir ses larmes chaudes
Qui ruisselèrent. Quel petit maussade.
-Samba se demanda : est-ce ceci mon rêve ?
Est-il vrai que c’est ce que l’université me réserve ?
Non !évidemment répond-t-il à lui-même.
Mon rêve a été falsifié ce n’est pas çà son emblème.
Un temple du savoir au règlement si partial ?
Où les forts bénéficient un traitement spécial.
La puissance et la force sont roi.
Les pauvres y peinent dans le désarroi.
-Au moins mon père a une raison
D’avoir dit que *sité* est source de perversion !
En tout cas’ il n’y ait ni égalité.
Ni équité, rien qu’impunité.
Retienons la une facette de Cité!
Samba ne savait plus comment la qualifier.
Il fut frustré à oublier sa faim en fait.
Il doutait fortement si c’était nécessaire d’être juste
Dans une société injuste et fumiste,
Dans une société
Dépourvue d’autorité.
-Dans ce campus il n’y a que des commandants
Qui politisent pour préserver leur mandat.
NB :
J’atteste que c’est la précarité des conditions d’études
Qui contraint les vaillants étudiants de L’ucad
À adopter des pratiques égoïstes
Mais ils sont généreux et altruistes.
MOTS CLES ucad :université cheikh anta diop de dakar
Keur malem : localité du Sénégal
Kekendos :groupe d’étudiants imposeurs de force
Samba nom propre, etudiant à l’ucad
Anarchie,restaurant
Magueye Faye
avril 2012